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A la recherche de la trame des forêts "matures" dans trois PNR pré-alpins

Arbre mort

Une partie de nos arbres se meurent, et c’est une très bonne nouvelle.

Pourquoi ? Parce que les arbres anciens et sénescents (c’est-à-dire vieillissants), tout comme ceux qui sont morts, jouent un rôle fondamental pour la biodiversité des forêts.

Pour qualifier ces milieux, lorsque la présence de gros arbres et de bois mort est abondante, on parle de forêts « matures ».

Ces dernières servent d’habitats aux espèces saproxyliques, autrement dit celles qui se nourrissent du bois en décomposition (insectes, champignons, mousses, etc.), lesquelles constituent ensuite des ressources alimentaires pour beaucoup d’autres espèces (oiseaux, chauve-souris, etc.). En outre, ces milieux apportent des abris à de nombreux animaux, grâce à la présence de cavités ou de décollements d’écorce sur les troncs.

Pour ces raisons, les forêts matures tendent peu à peu à être considérées comme formant une sous-trame écologique à part entière.

C’est dans ce contexte que nous terminons tout juste une étude sur la fonctionnalité de la trame des forêts matures dans le Parc naturel régional du Massif des Bauges, le Parc naturel régional de Chartreuse et le Parc naturel régional du Vercors.

Notre spécialiste des trames, Jérémie Cornuau, en présentera les principaux résultats la semaine prochaine lors d’un séminaire dédié à cette thématique, organisé par la Fédération des Parcs naturels régionaux de France.

Le cas des Bauges s’est avéré particulièrement intéressant, car nous avons pu nous appuyer dans ce massif sur le travail préalablement réalisé par l’Inrae, consistant à caractériser et cartographier le degré de maturité des forêts à partir de données Lidar.

Une fois cet indice de maturité intégré à nos paramètres d’étude, nous avons fait tourner SimOïko, notre logiciel de modélisation des dynamiques écologiques, sur six espèces inféodées aux forêts matures.

Ces simulations ont permis d’estimer si, à long terme, ces espèces seraient en mesure d’accomplir leur cycle de vie, d’assurer le maintien de leurs populations, et de se déplacer d’un habitat à l’autre.

Pour des résultats plus larges, nous avons aussi analysé la trame des forêts « subnaturelles », c’est-à-dire les espaces forestiers anciennement exploités puis laissés à l’état naturel depuis au moins une cinquantaine d’années. Ces forêts en cours de vieillissement sont appelées, peu à peu, à venir renforcer la trame des forêts matures.

Ces travaux doivent désormais permettre de mieux définir les actions à mettre en oeuvre pour la préservation des forêts matures et de leur biodiversité, dans des zones géographiques par ailleurs marquées par une forte activité sylvicole. Une session du séminaire sera, à ce titre, consacrée au projet de plan national d’action (PNA) « Vieux bois et forêts subnaturelles », qui doit voir le jour d’ici 2025.

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 Christophe Plotard