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Le changement d'usage des sols, ennemi n°1 de la biodiversité

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Alors que la COP15 se tient jusqu’au 19 décembre, nous vous proposons la lecture d’un article paru le mois dernier et qui dresse un état de la recherche scientifique sur les causes anthropiques du recul de la biodiversité dans le monde. Une équipe internationale a réalisé une revue systématique de la littérature publiée depuis 2005, puis a analysé statistiquement 163 études qui comparent les impacts de différents facteurs. Leurs conclusions ont été publiées dans la revue Science Advances.

Les travaux des chercheurs confirment qu’au global, le changement d’utilisation des terres et des mers (principalement en raison de l’extension des surfaces agricoles) a été la première cause de recul de la biodiversité au cours des dernières décennies, juste devant l’exploitation directe des ressources biologiques (par le biais de la chasse, la pêche, l’extraction forestière, etc.). Ces deux facteurs apparaissent dans l’ensemble plus impactants que la pollution (des eaux, des sols, de l’air) et bien plus encore que le changement climatique et la prolifération des espèces exotiques envahissantes.

Cette hiérarchisation des causes sert-elle pour autant à quelque chose ? Dans une autre étude, publiée en mai 2022 dans Nature Communications, des chercheurs français estiment que ces classements dépendent trop des contextes locaux pour être réellement utiles à l’échelle globale.

Les auteurs de l’article paru le mois dernier confirment eux-aussi que le poids des différents facteurs diffère très fortement d’un milieu naturel ou d’une zone géographique à l’autre. Par exemple, le changement d’usage des sols est largement prédominant en milieux terrestres et en milieux d’eau douce, alors que l’exploitation des ressources et le changement climatique sont les facteurs de pression les plus importants en milieux marins.

Au-delà de l’éventuel enjeu de hiérarchie, leur article appelle donc surtout à ne pas concentrer les efforts exclusivement sur le combat contre le changement climatique, quant bien même cette menace est, pour la biodiversité, celle qui croît probablement le plus rapidement. Ils rappellent notamment que les actions menées en faveur du climat ne bénéficient pas forcément à la biodiversité, voire peuvent lui nuire. Ils citent par exemple le développement des bioénergies, dont la production conduit à une extension rapide des terres cultivées et à la destruction d’habitats pour les espèces.

L’enjeu, concluent-ils, est donc de traiter l’ensemble des sujets avec la même détermination. Ce qui implique notamment d’améliorer les technologies et les données disponibles, pour analyser de manière plus adaptée les différents facteurs pesant sur la biodiversité et prendre pleinement en compte les interactions qui existent entre eux.

 Lire l'article publié en novembre 2022 dans Science Advances

 Lire l'article publié en mai 2022 dans Nature Communications

 

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 Christophe Plotard