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Peut-on vraiment "prédire", de manière réaliste, les déplacements des animaux ?

Comparaison de résultats

Pour tester ce que notre logiciel SimOïko est capable de faire en la matière, nous avons comparé ses résultats avec des données provenant de pièges photographiques. Ça mérite quelques explications.

Avant de rentrer dans le vif du sujet, une petite précision de vocabulaire s'impose : aucun logiciel ne sait "prédire", au sens strict du terme, les comportements des animaux. En revanche, il est possible d’estimer ce qui va le plus "probablement" arriver grâce à différentes données.

De manière simplifiée, si l’on s’intéresse aux déplacements, le principe consiste à croiser deux types d'information :

  • les connaissances scientifiques disponibles sur les espèces (dans quels milieux naturels préfèrent-elles se déplacer, quelle distance maximale peuvent-elles parcourir, etc.)
  • la répartition géographique des milieux naturels (carte d’occupation des sols)

Chez TerrOïko, on estime que la méthode de modélisation la plus robuste est celle qui repose sur un algorithme appelé SMS (Stochastic Movement Simulator). Ce dernier a été construit en considérant que les animaux choisissent leur trajectoire "pas à pas", au fur et à mesure qu’ils avancent. Ils progressent donc sans savoir au départ où se trouve leur destination finale.

Cet algorithme est celui qu’utilise par défaut notre simulateur SimOïko.

Est-ce que cela produit des résultats fiables ? Des travaux que nous avons menés sur le risque de collision d'animaux avec des trains entre Toulouse et Agen nous ont donné une occasion inattendue de le vérifier.

Nous avons commencé par cartographier le nombre de passages probables d'individus en différents points du territoire d’étude à l’aide de SimOïko.

Puis nous avons utilisé des images provenant de douze pièges photo installés dans la zone. Elles ont été collectées en continu en 2022 et 2023. En nous appuyant sur la reconnaissance automatique des espèces par intelligence artificielle, nous avons pu cartographier l’abondance relative de ces animaux dans les différents points du territoire.

Que montre la comparaison des deux cartes ? Les résultats s’avèrent similaires, avec un découpage relativement comparable entre les zones à fort trafic et les zones à faible passage. Les données "réelles" viennent donc globalement confirmer les "prévisions" de SimOïko.

Pour être franc, on n’est pas complètement surpris : c’est déjà la conclusion à laquelle on a abouti il y a quelques années, en comparant les résultats de SimOïko avec d’autres données de terrain (prélèvements ADN, données de capture-marquage-recapture).

Les livrables de cette étude, réalisée en 2017, sont d’ailleurs toujours disponibles. Ils seront complétés dans quelques mois par un article scientifique présentant notre méthode de comparaison des données de simulation et des données génétiques de terrain.

 

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 Christophe Plotard