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Pour évaluer l'impact global d'une infrastructure de transport, il faut étudier ses effets sur plusieurs espèces

graphiques impact infrastructures

Une route peut-elle avoir des effets négatifs pour une espèce, positifs pour une autre, ou neutres pour une troisième ? La réponse est oui, mais ces impacts cumulatifs sont encore trop rarement pris en compte. Notre ancien doctorant Jonathan Remon s’est penché sur le sujet et en a tiré un article à paraître dans la revue "Landscape and Urban Planning".

Il est communément admis que les infrastructures de transport (ILT) contribuent fortement à la fragmentation des réseaux écologiques. Elles affectent particulièrement les mouvements de dispersion des espèces, et donc les flux de gènes entre populations de différents réservoirs d’habitat. Néanmoins, les études d’impact portent souvent sur une seule espèce au détriment de toutes les autres, au risque de conduire à des mesures de compensation contre-productives à l’échelle d’un écosystème complet.

Pour appréhender la complexité de ces effets cumulatifs, Jonathan Remon s’est intéressé aux flux de gènes de quatre espèces (serpent, amphibien, papillon, carabe) dans un paysage fragmenté par six infrastructures de transport (autoroute, voie ferrée à faible trafic, route nationale à fort trafic, gazoduc, ligne électrique, routes secondaires à faible trafic).

L’étude a consisté à comparer la réalité génétique observée sur le terrain (issue de l’analyse de prélèvements) avec des modèles théoriques de connectivité fonctionnelle des paysages, afin d’identifier les "écarts" (à la hausse ou à la baisse) entre le terrain et le modèle, puis de déterminer la contribution spécifique de chaque ILT à ces écarts.

Résultat : toutes espèces et infrastructures confondues, les ILT sont responsables de presque la moitié des contributions constatées, et leur impact est très majoritairement négatif, ce qui confirme donc qu’elles contribuent globalement à fragmenter les réseaux écologiques.

Dans le détail, cependant, d’importantes différences apparaissent selon l’espèce et/ou l’infrastructure concernée. Alors que le papillon n'a apparemment été affecté par aucune ILT, la structure génétique des autres espèces a dans l’ensemble été impactée négativement, en particulier par les routes et autoroutes.

Dans le même temps, les infrastructures routières et ferroviaires semblent aussi avoir favorisé la dispersion des vertébrés (serpent et amphibien). Il est probable que les remblais installés de part et d’autre de ces ILT offrent localement des habitats favorables aux populations, permettant ainsi la création de corridors de déplacement pour ces espèces.

La ligne électrique n'a en revanche affecté aucune espèce, et le gazoduc n'a eu d'impact que sur le flux génétique du carabe, probablement parce que son tracé a créé une discontinuité du milieu forestier.

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 Christophe Plotard