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On a une lecture d’été à vous conseiller. Ça parle d’abeilles qui butinent et de modélisation écologique.

abeille image

Le sujet a occupé pendant deux ans Anouk Glad, dans le cadre d’un post-doc réalisé en partenariat avec TerrOïko et qui vient de déboucher sur la publication d’un article dans la revue Ecological Modelling (*).

Anouk y détaille les travaux qu’elle a menés avec SimOïko, notre logiciel de simulation de la vie des espèces.

Son objectif était d’améliorer la modélisation des déplacements d’abeilles sauvages lorsqu’elles partent butiner, en prenant en compte l’impact que peut avoir le paysage sur leurs mouvements et donc sur leur activité de pollinisation.

Pour y parvenir, elle a conçu et testé, avec notre DG Sylvain Moulherat, un nouveau module de simulation pour SimOïko, qui combine deux types d’approche :

  • la modélisation des déplacements de prospection alimentaire, appuyée sur les algorithmes de CPF (« Central place foraging ») : les abeilles quittent leur nid pour butiner et y reviennent une fois qu’elles ont trouvé la nourriture recherchée ou qu’elles ont parcouru une distance maximale de prospection.
  • la modélisation de l’impact du paysage sur les mouvements, en utilisant l’algorithme SMS (« Stochastic Movement Simulator ») : les individus choisissent leur trajectoire au fur et à mesure qu’ils avancent, en fonction de la perception qu’ils ont des différents milieux naturels qui les entourent.

Le résultat de ce mélange est une version de SimOïko qui permet de prendre en compte et d’évaluer l’influence de nombreux paramètres : la présence de ressources alimentaires disponibles, leur éloignement par rapport aux nids, leur niveau d’attractivité respectif (les individus privilégiant les ressources les plus gratifiantes), la probabilité pour les individus de les collecter, et la facilité avec laquelle l’espèce étudiée peut ou non évoluer dans tel ou tel milieu naturel qu’elle rencontre.

Anouk a ensuite comparé les résultats issus de ce module de SimOïko à la fois avec des prélèvements de terrain et avec les résultats obtenus via un autre modèle (InVEST). Ce dernier est traditionnellement utilisé pour évaluer la probabilité de visite des abeilles sur les ressources florales d’un territoire, mais il ne prend pas en compte l’effet du paysage sur leurs mouvements.

Verdict ? SimOïko fait aussi bien qu’InVEST dans la plupart des cas, mais fournit de meilleures prédictions dans certaines configurations d’occupation des sols, en l’occurrence en présence de grandes parcelles agricoles ou lorsque le paysage est très mélangé (mix de prairies et de forêts par exemple).

La preuve, s’il en fallait, que la structure paysagère joue bien un rôle dans le potentiel de pollinisation des abeilles. Et qu’il ne serait donc pas inutile d’y prêter attention au moment de concevoir, par exemple, des actions pour améliorer la pollinisation des cultures par les insectes.

(*) Lire l’article complet 

 mc-chamayou