En matière d’environnement, il serait tentant de considérer que, si les recommandations issues de la recherche scientifique ne sont pas suivies d’effet sur le terrain, lorsque vient le moment pour les acteurs locaux de décider et d’agir, c’est parce que ces derniers choisissent de négliger la science.
Nous pensons plutôt que le problème, ou une partie en tout cas, vient d’une mauvaise intégration de l’information scientifique dans les processus de décision.
Comment faire mieux ? Pour vous inspirer, nous vous conseillons la lecture d’un article qui vient d’être publié dans la revue npj Ocean Sustainability et qui résonne particulièrement avec notre vision du rôle de la science dans l’aide à la décision.
Les auteurs y présentent une méthode qu’ils ont expérimentée pour guider la stratégie de gestion d’une aire marine protégée en Méditerranée.
La première étape de la démarche a consisté à rassembler un large panel d’acteurs du territoire pour qu’ils imaginent, collectivement, divers scénarios d’avenir portant sur la conservation des espèces, l’approvisionnement alimentaire et les activités économiques dans la zone de protection.
Ce travail prospectif a permis d’élaborer trois « récits » différents pour les trente prochaines années : le renforcement de la biodiversité marine, le soutien à la pêche artisanale, ou le développement d’une nouvelle économie touristique sous-marine.
A chaque scénario étaient associés des choix d’aménagement du territoire et de gestion environnementale : étendre plus ou moins la superficie des zones ouvertes à la pêche ou à la plongée, créer de nouveaux récifs artificiels, installer un parc éolien, réintroduire des espèces, développer les excursions en mer...
A l’issue de cette phase prospective et collaborative, la seconde étape de la méthode a consisté à simuler la réalisation de chaque scénario à horizon 2050 grâce à une modélisation.
L’objectif était d’évaluer les impacts de chaque « récit » sur la biomasse au sein de l’aire marine protégée, à l’échelle globale mais aussi à l’échelle de chaque espèce.
Enfin, la troisième étape était destinée à analyser collectivement les résultats. La simulation a d’abord montré qu’aucun scénario ne permettait d’atteindre parfaitement les objectifs pour lesquels il avait été conçu.
Mais elle a également aidé à identifier des effets positifs ou négatifs de certaines mesures d’aménagement ou de protection qui n’avaient pas été anticipés lors de la création des scénarios. Autant d’éléments permettant aux participants, in fine, de décider ensemble des arbitrages à réaliser et d’ajuster leurs hypothèses.
Approche prospective, évaluation scientifique, concertation et décision collective : voilà une recette qui nous parle, pour donner à la science toutes les chances de jouer pleinement son rôle !
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