Une thèse et on passe à autre chose ?
En fait, c'est tout l'inverse.
Il y a trois ans, notre collègue Jules Boileau terminait sa thèse consacrée à l’intégration de la séquence ERC (éviter, réduire, compenser) dans la planification territoriale.
Depuis, il va porter le message partout en France. Et les lignes bougent dans les territoires.
Exemple parmi d’autres : aujourd’hui se tenait à Narbonne l’édition 2025 du séminaire de la CRERCO - Communauté Régionale Eviter Réduire Compenser en Occitanie, justement consacrée à la place de l’ERC dans la planification. Jules y a présenté ses travaux, qui illustrent la nécessité d’une démarche articulant la science et la concertation.
Le constat partagé, c’est que la séquence ERC telle qu’elle est abordée actuellement n’atteint pas ses objectifs, à savoir concilier l’aménagement des territoires avec l’objectif de "zéro perte nette de biodiversité".
Un consensus se dégage donc autour du besoin de planifier et d’anticiper cette démarche, à l’échelle des territoires tout entiers (et non pas projet par projet) et en intégrant des méthodes plus robustes.
En la matière, les travaux qu'on a menés ces dernières années avec Nîmes Métropole ont permis de tester l’efficacité d’une telle approche.
Centrés dans un premier temps sur la phase d’évitement, ils ont combiné le recours à la modélisation écologique (avec SimOïko, notre logiciel de simulation de la vie des espèces) et la tenue de plusieurs ateliers de co-construction avec les acteurs concernés du territoire.
Le résultat est la mise au point d’une stratégie d’évitement partagée, comprise et acceptée par toutes les parties prenantes, en particulier les services techniques de la collectivité.
Cela a ainsi permis une très forte réduction du besoin compensatoire (et donc une importante économie financière) et la résolution de certains conflits ou blocages qui pouvaient exister, notamment avec les services de l’État.
Trois ans après son achèvement, la thèse de Jules est donc loin d’avoir été oubliée sur une étagère. Elle constitue au contraire le socle d’une méthodologie qu’on continue à affiner, avec la nécessité de concilier deux grands impératifs :
- s’appuyer sur la science pour réaliser des diagnostics robustes, intégrant la prise en compte de la fonctionnalité écologique ;
- faire dialoguer tous les acteurs du territoire (y compris les élus) autour des enjeux écologiques, pour qu’au-delà de la dimension technique et scientifique de l’exercice, ils puissent élaborer ensemble une stratégie souhaitable.
Pour appuyer dans ce sens, on vous conseille d’ailleurs, si ce n’est pas déjà fait, la lecture de ce guide publié l’an dernier par l’Office français de la biodiversité, l’UPGE (Union professionnelle du génie écologique) et la Fédération des SCoT, et dont le titre résume tout : "Stratégie écologique territoriale : intégrer la biodiversité dans l’aménagement du territoire" https://www.genie-ecologique.fr/wp-content/uploads/2024/08/Note-vf.pdf