Bactéries, champignons, végétaux, acariens, vers, mammifères... : les sols abritent un quart des espèces vivantes actuellement connues sur Terre.
Longtemps négligés, ces écosystèmes font aujourd’hui l’objet d’une préoccupation croissante, notamment en raison des services qu’ils fournissent aux populations humaines : stockage de carbone, support à la production agricole et alimentaire, prévention de l’érosion et des inondations, purification de l’eau, apport à la recherche médicale...
En France, cette prise de conscience se traduit par l’émergence d’un nouvel outil, sur le modèle des trames vertes et bleues : la trame brune.
Celle-ci vise à permettre aux collectivités locales d’intégrer les enjeux de préservation et de restauration de la biodiversité des sols dans leurs outils de planification territoriale et leurs projets d’aménagement des territoires.
Comme pour les autres trames écologiques, la démarche de trame brune vise à identifier non seulement les zones où les espèces du sol sont capables d’accomplir leur cycle de vie et se déplacer sans contrainte (habitats à préserver), mais aussi les zones moins favorables où des actions de restauration sont nécessaires (espaces qui peuvent ainsi constituer des cibles privilégiées pour la désartificialisation ou la renaturation).
Cette démarche de trame repose évidemment sur un cadre scientifique, dont les lignes sont progressivement en train d’être définies.
Plusieurs travaux de recherche ont ainsi déjà été menés sur le sujet, notamment le projet MUSE, piloté par le Cerema et dont l’objectif était d’aider les collectivités à intégrer les multiples fonctions des sols dans leurs documents d’urbanisme.
De notre côté, chez TerrOïko, on s’est penché sur l’usage de la modélisation pour simuler les dynamiques démographiques et les déplacements de certaines espèces vivant dans le sol.
On s’est concentré, pour commencer, sur les vers de terre et les taupes.
Grâce une analyse fine de la littérature scientifique, on a pu configurer pour ces deux espèces les paramètres clés de nos modélisations : cycle de vie et comportement de dispersion des individus, et capacité des différents types de sols à accueillir leurs populations.
Cette méthode, qui repose sur l’utilisation de SimOïko, notre logiciel de simulation de la vie des espèces, a été expérimentée dans le cadre d’études menées sur deux territoires, l’un très urbanisé (Paris Ouest La Défense), l’autre rural (Parc Naturel Régional Scarpe-Escaut).
Les résultats ayant été concluants, on a désormais ajouté les vers de terre et les taupes à la liste des espèces disponibles par défaut dans SimOïko.
Et on a bien fait : parmi les utilisateurs qui testent actuellement la future version commerciale du logiciel avant son lancement officiel, certains sont justement spécialisés dans l’étude des sols.