Vous vous interrogez sur la pertinence des techniques de modélisation écologique ? Vous avez bien raison.
L’usage de ces outils tend aujourd'hui à se généraliser, non seulement dans les travaux de recherche, mais aussi comme outil d’aide à la décision sur le terrain, pour l’ensemble des acteurs impliqués dans l’aménagement des territoires et la préservation de la biodiversité.
Problème : dans la plupart des cas, leur fiabilité n’est jamais évaluée.
Entre 2006 et 2023, par exemple, seulement 2,5 % des études scientifiques consacrées aux modèles de connectivité écologique ont intégré des données de terrain pour valider les résultats de modélisation. C’est la conclusion de travaux menés par des chercheurs américains et publiés l’an dernier : https://link.springer.com/article/10.1007/s40823-024-00102-8
Vous nous voyez venir ? Chez TerrOïko, on essaie de faire partie des bons élèves. On a choisi, depuis de nombreuses années déjà, de consacrer du temps à tester la pertinence de nos outils, en particulier Simoïko, notre logiciel de simulation de la vie des espèces.
C’est un travail à part entière, qui nécessite d’abord de construire des méthodes de validation robustes. Signe qu’on va dans la bonne direction, on est invités à présenter l’une de nos méthodes la semaine prochaine au Japon, dans le cadre de la conférence mondiale de l’ISEM (International Society for Ecological Modelling).
Sans rentrer dans des détails trop techniques, cette méthode vise à évaluer les résultats produits par SimOïko en les comparant à des données génétiques prélevées sur le terrain.
SimOïko, c’est un outil qui modélise à la fois les dynamiques démographiques des populations d’animaux et les déplacements d’individus en dispersion.
On fournit en entrée les connaissances scientifiques disponibles sur les espèces étudiées (reproduction, survie, préférences de déplacement...) et sur la composition du paysage dans lequel ces espèces évoluent (c’est-à-dire la répartition des différents types de milieux naturels).
On obtient en sortie plusieurs métriques, dont certaines décrivent le patrimoine génétique des individus simulés. Au fil des générations, des différences génétiques peuvent en effet apparaître entre individus d’une même espèce, selon les déplacements qu’ils auront effectués ou l’isolement auquel ils auront été soumis.
On analyse alors la manière dont cette variabilité génétique se structure au sein du territoire d’étude, et on regarde finalement si ces résultats obtenus par simulation sont cohérents avec les données génétiques collectées sur le terrain.
Imaginez maintenant qu’on teste plusieurs scénarios de modélisation, avec des paramétrages différents, et qu’on compare à chaque fois les résultats avec la réalité terrain. Il devient dès lors possible d’identifier les modalités de simulation les plus réalistes pour l’espèce concernée. Et de s’assurer ainsi d'obtenir les meilleurs résultats possibles.